La veille de Noël 1908, mourut Gevaert, Directeur du Conservatoire de Bruxelles. Son plus cher désir était de voir Tinel lui succéder, ce qui fut fait le 14 janvier 1909. A l'occasion de son allocution d'entrée, il annonça qu'un développement notable serait donné au plan d'études de l'établissement. L'une de ses premières innovations fut de créer un cours supérieur d'art lyrique et dramatique. Autre innovation : la création d'un cours d'histoire de la musique qu'il confia à Ernest Closson. Tinel estimait l'importance de ce cours à l'opposé de son prédécesseur. Il instaura également un cours de composition. Toutes ces réformes recueillirent le plus grand succès et les meilleurs fruits. Outres ses activités pédagogiques, Tinel se consacra avec beaucoup de dévouement aux concerts du Conservatoire. Tinel, qui, avant de conduire les concerts du Conservatoire, n'avait jamais dirigé que ses œuvres à lui, avait dû s'improviser chef d'orchestre. Il le fit comme le font certains généraux sur le champ de bataille… En voici une description : "Revenons, s'il vous plaît, au Conservatoire, au concert du dimanche dernier. C'était le début de M. Tinel, comme chef d'orchestre.
Gros succès, vraiment mérité. M. Tinel impose d'abord par son aspect. Il a une belle tête d'artiste… On sent en lui une volonté de fer –de bien faire aussi. Comme chef, comme dirigeant, il a de grandes qualités, et ce ne sont pas seulement des qualités plastiques. Mais enfin, chose importante, il a un bon bras, vigoureux, souple, expressif. Il était, ce bras, un peu nerveux, dimanche. Et c'est compréhensible. Mais tel quel, il dénotait un chef, qui dirige ses musiciens et qui n'est pas dirigé par eux. Lorsque M. Tinel attaque un morceau, il lève le bras au-dessus de la tête, et son geste a quelque chose de particulièrement autoritaire et même agressif. M. Motl, ou M. Dupuis ou M. Ysaye portent le bras en avant, vers le pupitre. Leur geste, à eux, a quelque chose de bienveillant, d'aimable. Il signifie : "Messieurs, quand il vous plaira ? …" M. Tinel n'a pas de ces complaisances. Son geste à lui veut dire: "On commence … Et c'est fini de rire …" J'aime mieux ça". Une nouvelle tâche honorifique fut attribuée à Edgar Tinel en 1910 : S.M. le Roi Albert le nomma maître de sa Chapelle musicale. Un an plus tard, le Président de la République Française lui envoya les insignes de Commandeur de la Légion d'Honneur, et la Reine de Hollande le nomma Commandeur de l'Ordre d'Orange-Nassau. En 1909, Edgar Tinel avait été aussi nommé Docteur Honoris Causa en Philosophie et Lettres par le Recteur de l'Université de Louvain.
Ses charges ne lui permirent plus de composer et il en souffrait cruellement. Il souffrait également de graves contrariétés. Un de ses fils, Jef meurt; le puîné, Jan, fut atteint de troubles cérébraux. Un troisième s'en va avec sa jeune femme en Afrique centrale; c'est Guido, mon grand-père. Sa santé décline et le lundi 28 octobre 1912 vers onze heures, l'âme chrétienne s'était envolée. La Belgique lui fit des funérailles nationales.
Op. 13 : Vier oud-vlaamsche Drinkliederen van Hoffmann von Fallersleben.
Op. 16 : Drie Liederen, trois mélodies pour chant et piano, texte flamand de M. le Curé Claeys.
Op. 24 : Cantique de première Communion, pour soprano ou ténor solo, chœur à quatre voix mixtes ou égales et orgue. Poésie française de Madame Tinel; traduction flamande de M. le Chanoine E. De Lepeleer.
Op. 25 : Vlaamsche Stemme. Chœur pour quatre voix d’homme, sans accompagnement. Texte flamand de L. De Koninck.
Op 28 : Mélancolie. Deux mélodies pour une voix et piano sur des Paroles françaises de Sully-Prudhomme et de Van Weddingen; traduction allemande d’Elisabeth Alberdingk Thym.
Op. 37 : Aurora : Chœur pour quatre voix d’homme sans accompagnement. Poème flamand de L. De Koninck; traduction française de Madame Tinel.
N’ont pas été mentionnées non plus 11 œuvres sans opus comme des motets, chants, cantiques, mélodies et transcriptions pour orgue de Mendelssohn. L'ouvrage "Edgar TINEL" écrit par Paul TINEL et publié dans la Collection Roland de Lassus, Editions Universitaires, Genval 1946 nous a largement inspiré. Le Mémoire "Les Œuvres Liturgiques d'Edgar TINEL", réalisé par une de mes condisciples, Marie-Françoise PONCELET, en vue de l'obtention du grade de licencié en Musicologie en 1972 à l'Université Catholique de Louvain, nous a été d'un précieux secours. Elle eut cette belle chance d’avoir rencontré et discuté avec notre grand-oncle.